Améthyste ~ Fascinating Creature

Lunatique ~

Je pense que le trait qui définit au mieux Améthyste, c’est le fait qu’elle soit lunatique. C’est le genre de fille qui passe du coq à l’âne. Elle doit changer une dizaine de fois d’état d’esprit et de comportement dans une journée. Un coup elle est pessimiste, deux minutes plus tard elle fait une crise d’euphorie, puis elle devient calme et finit par s’énerver pour un rien. Alors, bien sûr, ne vous étonnez pas si vous n’arrivez pas à cerner son caractère, vous devez vous attendre à tout avec elle. Au meilleur, comme au pire.

Provocante ~

La provocation, c’est sa marque de fabrique. Quoi que, je dirais le contraire, Améthyste est la marque de fabrique de la provocation. Elle pousse les gens à bout, joue avec leurs nerfs, les fait tourner en bourrique, et Dieu sait qu’elle aime ça ! Elle s’amuse à appuyer là où il faut, quand il le faut et elle y arrive toujours sans blesser, du moins lorsqu’il s’agit de ses amis. Après tout, ce n’est qu’un jeu.

Erudite ~

Si Améthyste est intelligente ? Devrais-je vous rappeler qu’elle fait partit du noble clan des Lectious ? Il est vrai qu’elle est très réfléchie et pas moins rusée, sans oublier que « logique » est son mot d’ordre, mais ça ne fait pas d’elle un génie… Quoi que si, elle sait qu’elle est intelligente, mais elle n’a pas conscience du degré de son aptitude à analyser et à assimiler rapidement. De plus, elle passe sa vie plongée dans les livres et les anciens manuscrits, à étudier et à cultiver son savoir. Le pire, c’est quand il s’agit de sciences et surtout de l’alchimie, une véritable experte en la matière.

Emotive ~

Je suis d’accord, elle n’a vraiment pas l’air commode. C’est un être froid, sérieux et impétueux qui lorsqu’il est touché ne se met pas à pleurer mais à hurler et à frapper tout ce qui se trouve sur son chemin. Améthyste ne pleure pas, elle ne pleure jamais. Non, elle fait bien pire. Ne prenez jamais les choses à la légère et faites particulièrement attention à la manière dont vous vous y prenez avec elle. Ce n’est pas une fille méchante, elle a juste grandis trop vite. Rassurez vous, les crises de nerfs de ce genre sont rares. Et de toutes façons, elle n’extériorise jamais ses sentiments, sinon elle dévoilerait ses points faibles. Ca deviendrait trop facile, de donner la brebis en pâture…


Audacieuse ~

Améthyste n’a pas froid aux yeux. Elle joue avec le feu et s’épanouie en accomplissant des choses totalement fantasques et absolument dangereuses. Je crois que l’adrénaline est sa meilleure amie, et pour tout vous dire Améthyste en consomme à fortes doses. Et puis, pour provoquer n’importe qui à longueur de journée, il en faut de l’audace. C’est comme lorsqu’elle se bat avec plus costaud qu’elle, et bien sûr j’entends par là se battre avec des garçons, que ça soit des avec armes allant de l’épée au katana ou bien au corps à corps, peu importe faut pas qu’elle ait peur. En fait, elle est bien trop folle pour pouvoir avoir peur. Elle n’a jamais vraiment était battue au jeu du plus fort, alors pourquoi se priver ?

Il devait être six heures du soir pour que le Soleil soit aussi bas dans le ciel, les nuages étaient rouges à présent. C’était le moment de la journée qu’Améthyste préférait, dès qu’elle voyait le jour décliner, elle se ruait sur le balcon de la grande tour.  Elle avait la fâcheuse tendance à se tenir debout sur le haut rebord en pierre. Elle avait gravé dessus son prénom et celui de son chat Gédéon quand elle était plus jeune et s’amusait de temps à autres à passer ses doigts dans les sillons que formaient les lettres. Améthyste admirait le spectacle qui s’offrait à elle.

En caressant Gédéon qu’elle tenait à bout de bras, elle essayait tant bien que mal de rassurer quand à son départ de l’ordre, elle n’avait pas d’ami et ne connaissait personne de l’extérieur. Mais bon, il y a quand même Eric, son professeur . Il était là pour la former. Depuis qu’elle avait six ans, il lui apprenait à se battre et à ne pas avoir peur. En parallèle, il lui donnait des cours et lui enseignait des tas de choses sur tous les domaines possibles et imaginables. Je suis d’accord, elle est précoce comme gamine. Avant qu'elle quitte ce monde, sa mère lui a souvent expliqué qu’elle était un trésor et que les êtres comme elle étaient de plus en plus rares, il ne fallait pas qu’on lui fasse de mal. Pourtant, l’ordre pourrait tout de même la laisser sortir de temps à autres, même accompagnée, et puis de toute façon elle peut voler alors quoi bon ? Elle connaissait la théorie mais pas la pratique et c’est bien ce qui ne lui plaisait pas. Il lui ait arrivé une seule fois de désobéir aux décisions du Conseil, et elle n’a plus jamais recommencé…

Aujourd’hui c’était son anniversaire et elle venait d’avoir mille cinq cents ans soit quinze ans chez les humains et d'après la doctrine de son espèce elle était "majeure". Mille cinq cent ans qu’elle était enfermée dans les mêmes murs saints toujours debout malgré les millénaires, cent trois ans qu’elle était préparée mentalement, physiquement et intellectuellement.

Eric allait revenir d’un moment à l’autre, toutes les années depuis qu’ils se connaissaient, il assistait à son repas d’anniversaire. Elle quitta alors le sommet de la cathédrale pour se rendre dans la grande salle de bain. Améthyste troqua ses habits noirs quotidiens pour une vieille robe qu’elle trouvait jolie rien que parce qu’elle était assortie à ses yeux. Des yeux violets, intenses, perçants, absolument fascinants et terriblement effrayants. C’était la seule chose qu’elle aimait chez elle, ses yeux. Face au grand miroir de sa coiffeuse d’ébène, elle brossait avec vigueur ses longs cheveux auburns. Améthyste a toujours voulu les couper, les avoir jusqu’aux fesses, c’est vraiment pas pratique, enfin ils sont constamment tirés en arrière et attachés en chignon, chignon fixé avec une dizaine d’épingles. Mais, le pire ce n’était pas les cheveux, c’est la migraine causée par les épingles.  Elle décida des les laisser détachés pour ce soir, juste parce qu’elle avait un mal de crâne d’enfer et qu’elle ne se sentait pas capable de le supporter une nuit de plus.


Améthyste tourna la tête vers les rideaux en velours pourpres de sa chambre, ils étaient attachés depuis ce matin, cinq heure, et elle n’avait pas l’intention de les laisser ainsi une minute de plus pour se retrouver avec une odeur d’humidité certaine ou pour attraper froid. Lorsqu’elle se leva pour les rabattre, elle aperçut Eric dans le jardin de la citadelle, adossé à un arbre en train de fumer cette chose que les humains appelle « cigarette ». Tout était calme, elle leva alors les yeux aux ciels et tira sans aucune discrétion sur les cordes qui maintenaient sur les côtés de l’encadrement du balcon ses longs rideaux, il releva la tête vers sa chambre : il avait compris qu’elle l’avait vu et il savait à quoi s’attendre, pourtant il laissa échapper un petit rire de satisfaction. Améthyste dévala la vingtaine d’étages et les plusieurs centaines d’escaliers à toute vitesse. Elle sortit de la cathédrale où l’ordre résidait, les pieds nus faisant traîner sa longue robe sur le dallage froid du sanctuaire du bien. Elle avança à grands pas vers son professeur, la mine pas vraiment réjouie.

«  -  Eric ! Tu m’expliques à quoi tu joues là ? Tu m’as promis que t’arrêtais de toucher à ces trucs !  »

Le concerné tourna la tête vers Améthyste, laissant un sourire narquois se dessiner sur son visage. Puis il souffla la fumer qu’il venait d’avaler sur celle-ci avec un regard qui en dit long. Ne pensez pas qu’il a fait ça pour rien, il l’avait provoqué, il savait qu’elle allait mal réagir, et de toute façon, il n’attendait que ça. Elle décida alors d’attraper son bras dans lequel elle planta ses ongles et se mit à lui retourner de manière à ce qu’il lâche son machin qui pue. Surpris, il n’eut pas le temps de réagir et fut obliger de se soumettre sous l’emprise d’Améthyste. Il est vrai qu’elle est vraiment très forte pour son âge. Certes elle est grande et elle n’est pas toute maigre mais sa force est autrement plus développée. Quand ce fut chose faite, il l’attrapa par le cou avec brutalité et la plaqua contre l’arbre. Il commençait à refermer sa main avec beaucoup plus de force qu’à l’initial.

«  - Ne refais plus jamais ce que tu viens de faire.
- Pourquoi donc ? Tu vas faire que je m’élève ? Me faire du mal ? Franchement, tu penses que j’ai peur de toi..?  »

Elle avait prononcé ses paroles avec tellement de conviction et d’audace. Elle savait de quoi Eric était capable, il aurait pu lui faire horriblement mal mais il se contenta de relâcher son étreinte et passa doucement son pouce sur les lèvres d’Améthyste. Il recula puis reprit son habituel air prétentieux.

«  - Tu es belle ce soir, ça change.
- Tu as raison. Essaie de te convaincre que je suis un laideron. Tu sais pertinemment que tu pourras jamais me mettre dans ton lit.
- Tu veux que je te montre peut être? Je t’assure que j’y mets qui je veux…
- T’exagères. D'un point de vue physique, je viens d’avoir quinze ans et je te rappelle que toi tu en as vingt-trois. C’est parce que t’as aucun succès avec les nanas de ton âge que tu essaies d’en avoir avec les gamines comme moi ? C’est malsain ce que tu fais.
- Tu n’es pas une gamine, tu es une femme. Je t’ai formé pour que tu sois prête à vivre seule, très jeune. Tu n’es pas comme les autres, des créatures comme toi et moi, des créatures "ordinaires", je peux en rencontrer toute ma vie, mais quelqu’un comme toi, je n’en reverrai jamais. »

Améthyste avait croisé ses bras sur sa poitrine. Elle le regardait, la tête inclinée sur le côté. C’était la première fois qu’elle le regardait avec autant d’attention, c’était la première fois qu’elle remarquait ô combien il était beau. Quand Eric eu finit ce qu’il avait à dire, Améthyste se mit à se gratter la nuque, elle leva les yeux vers son professeur qui la dépassait d’une tête.

«  - Je ne suis pas unique, il en existe d’autre comme moi. Je suis juste… Rare. Nous sommes tous des créatures de Dieu.
- Oui, tu as raison, mais nous ne sommes tous enfants d’entités divines. Tu es une prêtresse du feu et c’est un don qui a disparu depuis plusieurs des millénaires, tu es la seule sur cette terre à descendre des flammes.
- Je suis juste la fille de mon père. Mais je suis comme les autres.
- Ose aussi me dire que tu es « juste » la fille du roi ! Ce soir tu vas quitter le territoire pour aller étudier ailleurs, très loin d’ici et je ne serai plus là pour te surveiller. Pour autant, tu fais toujours partie de l’ordre et à la mort de ton père, tu devras te battre pour la survit de notre espèce, tu devras te battre pour Dieu. Ne dis plus jamais que tu es comme les autres. »

Les yeux d’Eric passèrent au rose. Il ne fallait plus le contrarier, ses pouvoirs prendraient le dessus et il perdrait toute raison. Améthyste hocha fébrilement la tête et se retourna pour rejoindre la cathédrale, il faisait nuit et les invités devaient s’impatienter.